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Parapèteries

   
   
 
En fait sous ce vocable proposé par Georges Perec, se cachent de fausses contrepèteries. Actuellement on emploierait plutôt le terme de « canada dry » pour désigner ces contrepets qui n'en sont pas mais qui y ressemblent....
Ces parapèteries de G. Perec (communiquées à l'Oulipo en novembre 1974) sont restées longtemps inédites et n'ont été publiées que récemment (mars 2004) chez l'éditeur « Le Castor Astral » dans le recueil « Moments Oulipiens » et présentées par Marcel Bénabou.
Je me suis amusé à retrouver quelles vraies contrepèteries classiques du patrimoine ont inspiré Georges Perec. Comme je suis loin d'avoir découvert toutes les références et toutes « les sources du bonheur », j'en propose quelques unes de mon cru. Sans doute Georges Perec avait-il commis là, un plagiat par anticipation...
[Lorsqu'il y a plus d'un contrepet, leur nombre est indiqué au bout de la ligne.]

L'Art du Parapet
 
En sortant de chez Gaston, je n'avais plus un ducat
(Pourtant, il n’envisageait pas ses frusques sans ducat !)

L'estafette soupira à la cantonade
(L’estafette bien tassée !)

Rien n'est plus bath qu'une belle botte
(Très belle image pour une botte !)

La Chine se soulève à l'appel du Japon
(La Chine se dresse devant les Nippons - Louis Perceau)

Atterré par la tempête, le marin a baissé son foc
(Atterré par cette grosse bise, le marin gelait sur sa petite vergue) (2c.)

Messaline se fit mettre un col de loutre sur la nuque
(Messaline passive : affaire de loutre sur la nuque de satin) (3c.)

Croyant faire une farce le gandin lampa son Sauternes
(La farce était grippée : peut-on lamper en voyant son favus ?) (2c.)

La verve de Vulpian me laisse rêveur
(Sur des rives pour Vulcain ?)

Le page remercia la Duchesse pour l'avoir fait mander
(C’est en lisant son album que la Comtesse bouillante avait fait mander le page)
 
C'est à coup de gnôle que César franchit le Rubicon
(Dans quel Rubicon verra-t-on César ?)

Le jeune séminariste a lu Luc Etienne
(Mais a-t-il lu Perceau ? – Luc Etienne (?))

Elle m'a trompé parce que j'étais trompette
(Elle m'a trompé parce que j'étais pompette ! - Luc Étienne)
(M’aurait-elle tapé parce que j'étais trompette ?)

La jeune cul-de-jatte a pris mon Salluste entre ses fins moignons
(Lesdits moignons ont présenté des « soluces » un peu fanées) (2c.)

Il sortit de la Taunus pour entrer dans la Torpédo
(Avec quel tonus aride !)

Einstein se laissa abuser par le continuum
(Passant, aurais-tu calculé comme Einstein ?)

Les Clytemnestre se laissent souvent prendre aux appels des Maurice
(Maurice et ses appels aux clichés létaux pour Clytemnestre ?)

La petite Laure a un beau sari
(La petite Sarah joue sur la berge du ravin – Louis Perceau)

Le pépiniériste voudrait greffer les boutons de Rose
(Auparavant, avait-il bien déterré les boutons de marguerite ?)

Tous les grands partis connaissent des scissures
(Les partis sans but voudraient une scission, est-ce si sûr ?)

Le Cardinal de Bernis aurait souhaité voir grossir la Fronde
(Ce Bernis peiné n’avait aucun mobile pour la déroute) (2c.)

L'hôtelier a versé du Clacquesin dans son porridge
(Cet hôtelier est souvent félicité pour ses belles sauces)

L'évêque n'aime pas que la belle organiste prenne des airs de Purcell
(Mais la belle organiste aime voir l’évêque impie)

Pour attirer les amateurs, le libraire leur montra son Pline
(La bibliothécaire a fait exposer les Pline – Luc Etienne)

L'aspirant vit dans le Quinzième
(L’aspirant habite Javel – Luc Etienne (?) )

Il n'y a pas que dans les postes qu'on voit de beaux bottins
(Mais là, les vrais faux potins sont toujours prêts)

La belle Bavaroise est folle de son cerfeuil
(Est-elle aussi folle de la messe ? – Rabelais)

Le Pape a traversé la Russie en calèche
(Le fakir est arrivé à pied par la Chine – Louis Perceau)

Dès qu'elle vit l'instrument, la cantatrice ôta son loup
(Devant l’orgue du profane, la cantatrice présenta sa troupe) (2c.)

Coursé par un pirate, le Capitaine se branche sur le champ
(Coursé sans faille, il s’était branché avant d’être coulé) (2c.)
 

 
Patrice Besnard / _bâtir dans Perec_
Avril 2004
 

Retrouvez ici les « soluces » pour affamés

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