omnitextes

contrainte

du prisonnier

 
 
Qu'est-ce ?

Textes

 
Retour à la liste
des contraintes

 

Un ver en cocon

   
   

             un ver en cocon

un ver en cocon murmure au courson sans ronce
sans consommer son suc rose ou mou en monceaux
sans carence en sucre ou sans essence en annonce.
un ver en cocon ne rue ne creuse ses maux

concasse ses rameaux un son comme une source
au somme survenu sur sa carcasse en creux
noue son canevas sa nasse - amasse en sa course
sa semence en arceau - va ronron savoureux.

amarrons sans cassure une amorce au cocon
nous ornerons avec une amoureuse nue
ce caraco suave assure sa venue.

au cas su sans recours murons ce macaron
avec son amazone - ancrons sur sa masure
ce suc - sans cesser un ver en cocon murmure...

 

Patrice Besnard / _arbre capte nids_
Octobre 2005

Voici le sonnet original de Jacques Roubaud, dont le poème ci-dessus en alexandrins rimés est une récriture qui respecte la contrainte du prisonnier.

 
                   Les vers à soie

Les vers à soie murmurent dans le mûrier
ils ne mangent pas ces mûres blanches et molles
pleines d'un sucre qui ne fait pas d'alcool
les vers à soie qui sont patients et douillets

mastiquent les feuilles avec un bruit mouillé
ça les endort mais autour de leurs épaules
ils tissent un cocon rond aux deux pôles
à fil de bave, puis dorment rassurés

En le dévidant on tire un fil de soie
dont on fait pour une belle dame une robe
belle également qu'elle porte avec allure

Quand la dame meurt on enterre la soie
avec elle et on plante, sur sa tombe en octobre,
un mûrier où sans fin les vers à soie murmurent
 
 
Jacques Roubaud - Les animaux de tout le monde (Seghers)

 
Ce texte fut écrit à l'occasion du « Zazie mode d'emploi 2005 - Tisser la langue à la machine », fête oulipienne organisée à Lille tous les ans par Robert Rapilly.
Le poème respecte la contrainte d'une manière stricte, et la présence d'un seul « z » doit évidemment être considéré comme un clinamen :-).
 
 

REMONTER