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Mauvaise période de l'être

   
   
 
Mer, crabe, huîtres, clam et proie furax. Et lys, teint à Vénus ôté.
Tri - à temps prévu - paie chlore (cf. taxe I.U.T. prend la gestion), et usagers trient.
Base du soleil latent vs ce qui a – mers, forêts, baie, jungles, plage - insolé.
L'urane, blitz et stase rudoient varechs, blé : "-ium" - agent codé - pria défunts et plaies.
Bloc épura seings, vendra ce qui omet travers, grief, ukases, chose infâme.
Rustres tiares, trône, mutaient. Khmers, Râ, Wei*, un or enfla :
les mille Judas emploient là ce dû, y treillagent zone qui,
à temps chers, paie – culot extra - seing prévu !
Galets iodés, trace survient :
va, tends, Ô Dei !
US agents, "prêchi" à Jésus, ôtent païen
(N.B. : chef usagé, insolent).
L'âme qui chercha ses proies,
usa lents freins à refus.
Ode-cri à Verts chenus :
aie phlox extra-lei !!
Un sketch avec biote
d'un amer chti'
extradé du soleil.
Là, vents, pré qui a cent roses,
plaie surprend pareil don :
ému, sage printemps avenu.
Loi en travers y (N.B. : e-i-u casés !)
prône triage, punch en vrai.
Et drone dur a ceint bled plat :
étui ôté, scraper strie Jura
mentholé, insane.
Muscles, liages, choc,
écumaient "stretch"
(ah ! "eiu" mot en phase).
Triste rural, emploi et drame,
turf feint avec pro.
Ce qui, à temps prêts,
paie butor et blasé.
Isthmes usagés d'iode, strate,
survies, planent (ho ! l'eiu).
Harengs, chéchia, zébu,
roses vraies...
P.S. : pré vu.
 
 
 
* Wei : dynastie chinoise qui régna du 4ème au 6ème siècle.
 

Patrice Besnard / _a brandi spectre_
Juin 2003


Ce texte assez bizarre respecte une contrainte très dure proposée par Gef (Gilles Esposito-Farèse) sur la liste Oulipo : écrire un texte de mille caractères qui suit une grille imposée contenant les voyelles AEIOUY réparties régulièrement en fonction de leur fréquence d'utilisation dans la langue française. Des statistiques établies à partir d'un corpus important, donnent comme fréquences pour ces voyelles :
A = 8.40 %   E = 17.26 %   I = 7.34 %   O = 5.26 %   U = 5.74 %   Y = 0.30 %

On peut en déduire une période de répétition pour chaque lettre qui conserve exact son pourcentage d'utilisation, soit :
A = 12   E = 6   I = 14   O = 19   U = 17   Y = 333
Ce qui signifie que A sera répété tous les douze caractères, E tous les six caractères, etc.

Gef a montré qu'il faut modifier légèrement ces nombres afin d'éviter des « collisions » de lettres à l'intérieur de la grille. Il faut pour cela que tous ces nombres aient un diviseur commun. Soit, par exemple après correction :
A =12   E = 6   I = 14   O = 24   U = 18   Y = 336

Ce qui entraîne la grille de mille caractères (50 x 20) suivante :
 
.e...a.e.ui..e...a.e...oie.u.a.e..y..ei..a.e.u.o.e
..ia.e.....e.u.aie...o.e...a.eiu...e...a.e..io.e.u
.a.e....ie...a.e.u.o.ei..a.e.....e.uia.e...o.e...a
ie.u...e...a.ei..o.e.u.a.e..i..e...a.e.u.oie...a.e
.....eiu.a.e...o.e..ia.e.u...e...aie...o.e.u.a.ei.
...e...a.e.uio.e...a.e....ie.u.a.e...o.ei..a.e.u..
.e..ia.e...o.e.u.aie.....e...a.eiu.o.e...a.e..i..e
.u.a.e...oie...a.e.uy..ei..a.e...o.e.uia.e.....e..
.aie.u.o.e...a.ei....e.u.a.e..io.e...a.e.u..ie...a
.e...o.eiu.a.e.....e..ia.e.u.o.e...aie.....e.u.a.e
i..o.e...a.e.ui..e...a.e...oie.u.a.e.....ei..a.e.u
.o.e..ia.e.....e.u.aie...o.e...a.eiu...e...a.e..io
.e.u.a.e....ie...a.e.u.o.ei..a.e.....e.uia.e...o.e
...aie.u...e...a.ei..o.e.u.a.e..i..e...a.e.u.oie..
.a.e..y..eiu.a.e...o.e..ia.e.u...e...aie...o.e.u.a
.ei....e...a.e.uio.e...a.e....ie.u.a.e...o.ei..a.e
.u...e..ia.e...o.e.u.aie.....e...a.eiu.o.e...a.e..
i..e.u.a.e...oie...a.e.u...ei..a.e...o.e.uia.e....
.e...aie.u.o.e...a.ei....e.u.a.e..io.e...a.e.u..ie
...a.e...o.eiu.a.e.....e..ia.e.u.o.e...aie.....e.u
 

Les points dans cette grille représentent les consonnes à placer entre les voyelles. À partir de là, on sent bien toute la difficulté d'écriture à venir. D'autant plus que les périodes choisies entraînent les deux complications suivantes :
- une séquence de cinq consonnes obligatoires, toujours placée entre deux « e » et qui revient 14 fois pour les mille caractères.
- une suite de voyelles « eiu », qui à ma connaissance n'existe pas dans la langue française, du moins pour les noms communs. En la décomposant, c'est à peine mieux (d'où les astuces et tricheries dans mon texte). On en trouve 8 occurrences dans cette grille.

Malgré tout cela, j'estime que mon texte n'est finalement pas trop « tordu » et que son thème, vaguement écolo-pacifiste, est à peu près maintenu. Sa forme est celle d'un champignon atomique, mais les plus optimistes y verront sans doute un arbre...

Maintenant vous demanderez-vous, à quoi peut bien servir ce genre d'exercice ? À rien bien sûr, sinon à réaliser un défi tout en s'amusant un peu à obtenir un texte assez court qui respecte les fréquences d'utilisation des voyelles de la langue française. Et ça, c'est déjà quelque chose...
 
 
On peut lire ici le Poème en prose (très drôle et d'une poésie assez surréaliste) que Gef a écrit à partir d'une grille quasiment semblable.

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