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La créature

   
   

 

   Construction monstrueuse

Mécano dominé, la réserve à folie ?
Peuplons le beau pavé d’or immonde et cossu,
Mais le clone au passif niera l’hémophilie...
Ridée la vie sera laide sous l’aperçu !

Zombi têtu, l’azur - à raison - le révère,
Art unique à donner, rêve allie plomb au verre,
Idée sue le nocif, ramollie déviera.

De la subite usure élevée, rue dorée
Lie Boris*, une aura livide, suturée :
Vert et bossu ravi, sûr et beau rassura.

 



* Boris Karlov, acteur qui joua la « créature » de Frankenstein dans le film de James Whales en 1931.


 

Patrice Besnard / _créant bras, pied_
Mai 2004


Quelle est donc la contrainte pour ce poème en alexandrins ?
Elle n'est pas vraiment visible sans l'explication qui va suivre.
En fait, un peu à l'instar du « lipogressif », contrainte où les lettres de l'alphabet disparaissent peu à peu tout au long du poème, il s'agit ici d'éliminer les syllabes en plusieurs étapes.
Sur une idée de Rémi Schulz formalisée pour cette version par Gef voici la description « technique » de la contrainte.
 
Les 120 syllabes du dizain d’alexandrins se divisent en six étapes impaires : 63 – 31 – 15 – 7 – 3 – 1.
Seules les syllabes de rang pair sont conservées pour l’étape suivante. Le signe « / » sépare chaque étape. Les syllabes entre parenthèses marquent celles qui disparaissent pour l’étape suivante.
 

Grille phonétique des syllabes du poème :


(mé) ka (no) do (mi) né (la) ré (zer) va (fo) li
(peu) plon (le) bo (pa) vé (do) ri (mon) dé (ko) su
(mè) le (klo) no (pa) sif (ni) ra (lé) mo (fi) li
(ri) dé (la) vi (se) ra (lè) de (sou) la (per) su

(zon) bi (té) tu (la) zu (ra) ré (zon) le (ré) vé (r-
a) ru (ni) / (ka) do (né) ré (va) li (plon) bo (vé) r-
i (dé) su (le) no (sif) ra (mo) li (dé) vi (ra)

de (la) su (bi) tu (zu) ré (le) vé (ru) / (do) ré
(li) bo (ri) su (no) ra (li) vi (de) su (tu) ré
(vè) / (ré) bo (su) ra (vi) su (ré) / (bo) ra (su) / ra
 


 
Pour ce poème j’ai trouvé amusant de croiser le thème de la création avec la construction du « monstre » par ajout de plusieurs morceaux, et celui de cette contrainte qui fait disparaître progressivement les syllabes.
Évidemment, le respect des rimes impose le placement de certaines syllabes à l'intérieur de la grille. Pour ceux qui voudraient s'y essayer voici la grille générale avec le schéma de rimes abab ccd eed qui entraîne 26 syllabes imposées à l'intérieur :

 

* * * * * * * e * * * a
* * * * * c * * * * * b
* * * * * * * d * * * a
* * * * * d * * * * * b

* * * * * * * e * * * c
* * */* * * e * a * * c
* * b * * * d * a * * d

* * b * * * e * c */* e
a * * b * d a * * b * e
c/e * b d * b e/* d b/d
 

 

Pour ma part j'ai proposé une variante qui consiste à ajouter des syllabes à chaque étape. La séquence devient donc : 1 - 3 - 7 - 15 - 31 - 63. Avec le même schéma de rimes voici la grille résultante :

 

*/* * */* * * * * * */a
* * * a * * * * * b * b
* */* a * * * * * * * a
* * * * * * * * * * * b

* * * b * * * * */* * c
a * * * * * * * * * * c
* * * * a * * * * * * d

* * * * * * * * * * * e
* * * * b * * * * * * e
b * * * * * * * * * * d
 

On constate qu'il n'y a plus que 8 syllabes imposées qui ne concernent que les rimes a & b, donc certainement une plus grande facilité d'écriture. ;-)

 

 

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